
Pourquoi y a-t-il une rivalité Brésil-Argentine en football ?
La rivalité Brésil-Argentine est sans conteste l’une des plus mythiques du football mondial, surnommée le Superclásico des Amériques. Elle remonte à 1914, lors de la première confrontation officielle conclue par un 3-0 pour l’Argentine. Rapidement, cette rivalité dépasse le terrain et devient une quête d’identité nationale pour les peuples brésiliens et argentins. Deux styles s'opposent : la finesse carioca contre le dribble artistique à l’argentine.
Ce duel incarne aussi des tensions historiques : territoires rivaux, fierté populaire, et règne du football comme miroir de la puissance de chaque nation.
La rivalité Brésil-Argentine entre affrontements, scandales et déclarations
La rivalité Brésil-Argentine est jalonnée d’épisodes aussi explosifs que mémorables. Chaque génération a eu droit à ses polémiques, ses embrouilles et ses symboles. Voici les faits marquants qui ont forgé la légende de cette rivalité :
➝ 1925 – La guerre du Barracas : la Copa América 1925 se déroule à Buenos Aires, au stade Barracas Central. Le tournoi ne compte que trois nations (Argentine, Brésil et Paraguay), mais la tension est à son comble entre les deux rivaux sud-américains. Lors de la confrontation décisive entre l’Argentine et le Brésil, l’ambiance devient électrique dès le coup d’envoi. Les coups bas et les tacles appuyés s’enchaînent, tandis que le public argentin, déjà surchauffé, alimente une atmosphère hostile.
Après plusieurs décisions arbitrales contestées, les joueurs en viennent aux mains. Ce qui n’était au départ qu’une altercation entre deux adversaires dégénère rapidement : bancs de touche, remplaçants et même dirigeants se précipitent sur le terrain. Une véritable mêlée générale éclate, obligeant les officiels à interrompre la rencontre. Cet incident marque le début de la rivalité Brésil-Argentine au football.

➝ 1937 – Le "jogo da vergonha" ("Match de la honte") : en Copa América, la finale se dispute à Buenos Aires.Après 90 minutes sans but, l’Argentine marque deux fois en prolongation par le jeune Vicente De la Mata (102ᵉ et 112ᵉ), pour s’imposer 2–0 et décrocher le titre. L’environnement est extrêmement hostile : des témoignages d’époque rapportent insultes racistes depuis les tribunes (cris de singes notamment) envers les rivaux Brésiliens.
Contestant l’un des buts et craignant pour leur sécurité, des joueurs brésiliens tentent de quitter le terrain avant le coup de sifflet final pour rentrer au vestiaire (une version rapporte même que la porte du vestiaire était fermée, les empêchant de sortir). Dans la presse brésilienne, le match est ensuite surnommé "jogo da vergonha" — "le match de la honte". La presse alimente de plus en plus cette rivalité.

➝ 1990 – L’affaire de "l’eau bénite" : en huitièmes de finale de la Coupe du Monde 1990 à Turin, le Brésil affronte l’Argentine. Au cours du match, le joueur brésilien Branco reçoit une bouteille d’eau de la part du masseur argentin Miguel di Lorenzo, au moment d’une interruption liée au soin apporté à un joueur sud-américain. Selon Branco, quelques instants après avoir bu, il ressent soudain vertiges et nausées, une altération de ses capacités physiques en pleine rencontre. Deux jours plus tard, il affirme que l’eau était assaisonnée avec un tranquillisant : l’incident est rapidement surnommé le "holy water scandal" ("scandale de l’eau bénite") par les médias argentins et relance la rivalité entre le Brésil et l'Argentine.
L’affaire ne connaît jamais de confirmation officielle. Toutefois, l’élément narratif reste ancré dans la mémoire collective : Diego Maradona lui-même fait référence à l'incident en 2004, affirmant en plaisantant que Branco avait bien reçu "de l’eau sacrée", laissant planer le doute entre stratégie douteuse ou simple légende urbaine pour amplifier cette rivalité Brésil-Argentine.

Match entre les rivaux argentins et brésiliens en 1990
➝ 2021 – Le match interrompu pour raisons sanitaires : la rivalité est relancée en plein match de qualifications au Mondial 2022, des agents de l’agence sanitaire brésilienne ANVISA ont fait irruption sur la pelouse du Neo Química Arena à São Paulo. Ils accusaient quatre joueurs argentins basés en Premier League (Cristian Romero, Giovani Lo Celso, Emiliano Martínezet Emiliano Buendía) d’avoir fourni de fausses informations à leur entrée au Brésil, en violation des règles de quarantaine COVID (ayant séjourné récemment au Royaume-Uni). Ces joueurs étaient pourtant alignés au coup d’envoi, ce qui provoqua une suspension immédiate du match par l’arbitre, après quelques minutes de jeu.
Le chaos s’est étendu bien au-delà du terrain. Les deux sélections et leurs staffs ont été évacués, tandis que CONMEBOL a dû intervenir pour gérer la crise. Un journaliste brésilien résuma la situation comme une humiliation nationale, affirmant : « On est humiliés sur la scène mondiale... c'est profondément regrettable ». Quelques mois plus tard, la FIFA a statué que le match devait être rejoué, tout en infligeant des suspensions de deux matchs aux quatre joueurs concernés et des amendes aux deux fédérations, pour manquement à l’ordre et à la sécurité. La rivalité ne désenfle pas même après toutes ces années.

➝ 2025 – La claque historique du Monumental : dans les éliminatoires sud-américains, l’Argentine inflige au Brésil une défaite retentissante 4-1 à Buenos Aires. Un score historique qui confirme la suprématie récente de l’Albiceleste et provoque une crise profonde côté brésilien. Les médias argentins parlent alors de "victoire générationnelle", renforçant encore l’intensité de cette rivalité centenaire.
Au Brésil, les propos ne passent pas et le sentiment de revanche sur leur rival argentin se fait attendre avec impatience.

Une rivalité équilibrée sur le plan des statistiques
En date de mars 2025, on compte 115 rencontres officielles entre les sélections rivales du Brésil et celle d'Argentine :
- 47 victoires pour l’Argentine
- 43 pour le Brésil
- 26 matchs nuls
Une rivalité vraiment équilibrée, avec une légère avance pour l’Albiceleste. La densité de ce duel est d’autant plus marquée que ni l’une ni l’autre n’a jamais vraiment dominé au long cours. Ce sont deux géants du football sud-américain qui se tiennent en permanence.
Depuis novembre 2019, la tendance a cependant changé : les confrontations entre les deux rivaux dans les éliminatoires de la Coupe du Monde montrent une Argentine invaincue contre le Brésil en 6 rencontres officielles. Cette évolution est un signal fort : la rivalité Brésil-Argentine reste équilibrée dans le temps, mais l’Argentine semble avoir pris l’ascendant récemment.